QAG – La victoire du foot français doit ruisseler sur le sport amateur

Question orale au Gouvernement
M. Ugo Bernalicis La France insoumise – Nord
Ministère interrogé Ministre des Sports
Question posée le 17/07/2018
Lien hypertexte https://www.youtube.com/watch?v=kJ1c73zZB5k

 

 

Texte de la question 

Quelle compétition de dingue ! Quelle victoire ! Bravo et merci à cette équipe de France de football qui a remporté cette deuxième étoile !

Le foot a permis de rassembler toutes les Françaises et tous les Français, bien au-delà des fans. N’en déplaise à la « start-up nation », ce ne sont pas des individualités, archétypes du modèle du self made man, qui ont gagné. Non, c’est la victoire d’un collectif, solidaire et fraternel, qui revendique fièrement de proclamer « Vive la République et vive la France ! ».

Le modèle du sport français a permis d’être sur le toit du monde depuis vingt ans. Aujourd’hui, c’est le foot, mais nous n’oublions pas le handball, le triathlon mixte dimanche dernier, le rugby à sept féminin, ou encore le volley-ball où, la semaine dernière, nous sommes devenus vice-champions du monde.

Ce qui a fait la force de la France doit être pérennisé ; or le Gouvernement le fragilise. Pour mémoire, le foot, ce sont 2,2 millions de personnes licenciées en France et environ 14 000 clubs amateurs. Il y a un sentiment d’urgence, car, chaque jour, deux clubs mettent la clé sous la porte.

Si le sport amateur est devenu, depuis trop longtemps, une variable d’ajustement pour la réduction des déficits, cette victoire est pourtant aussi la sienne.

Voilà le défi que nous devons relever, madame la ministre des sports : comment accueillir à la rentrée prochaine, dans tous les clubs, les petites Françaises et les petits Français qui auront envie de pratiquer le foot et tous les autres sports,…et qui seront peut-être les champions de demain qui nous feront rêver ?

Grâce à cette victoire, la Fédération française de football empoche notamment un chèque de 32,5 millions d’euros de la part de la FIFA. Son président a annoncé que 30 % de cette somme seraient reversés aux joueurs mais n’a rien dit sur l’allocation du reste de cette enveloppe.

Il faut que cette victoire profite à tous et qu’elle ruisselle sur le sport amateur.

D’ailleurs, s’agissant du sport en général, nous constatons la baisse des subventions publiques ainsi que la suppression des emplois aidés qui venaient utilement compléter le bénévolat.

Cette année, le budget du Centre national pour le développement du sport – CNDS – connaît une baisse de près de 27 %, laissant les collectivités territoriales et les associations un peu plus seules face aux dépenses nécessaires.

Madame la ministre, le sport amateur n’a pas à être rentable. Il a besoin de passes décisives, même si cela coûte un pognon de dingue !

Texte de la réponse du Premier ministre, Edouard Philippe

Monsieur le député, je me joins évidemment à vous, ainsi qu’au président de l’Assemblée nationale, dans le message de félicitations et, à bien des égards, d’admiration que vous adressez aux joueurs de l’équipe de France, après leur magnifique victoire dans cette compétition.

Vous avez cité de nombreuses équipes et de nombreuses disciplines, en insistant sur les excellents résultats français. Vous auriez pu, monsieur le député, mentionner aussi d’autres sports – je pense notamment à la boxe, où nous avons obtenu d’excellents résultats lors des derniers Jeux olympiques.

Non sans esprit d’à-propos, vous avez essayé de nourrir un propos de politique générale à partir de ce succès. Au fond, vous nous dites que, si cette équipe est championne du monde, en dépit de notre politique, elle devrait permettre d’illustrer vos idées et vos propositions.

Nous devons nous réjouir, monsieur le député – c’est, au fond, le sens de votre question –, parce que ce qui a gagné, dimanche, à Moscou, c’est un système qui fait émerger l’excellence et qui l’assume. C’est un système qui est fondé sur un travail d’équipe et qui l’assume. C’est un système qui repose sur des prises de responsabilité, ce qui suscite d’ailleurs parfois des critiques vives formulées à l’encontre de ceux qui font des choix. Je salue ici le sélectionneur Didier Deschamps.

C’est un système qui repose sur une passion, une passion française pour le football. Certains la partagent depuis longtemps tandis que d’autres l’ont découverte plus récemment, y compris dans vos rangs, monsieur le député. Il en est en cette matière comme dans d’autres : on peut toujours y venir, et c’est très bien ainsi.

Je conclus, monsieur le député. Au fond, il n’y a rien de pire…que d’essayer d’affirmer – vous ne l’avez pas vraiment fait, vous avez tenté de le faire – que des sportifs ou une équipe démontrent vos idées. Il n’y a rien de pire que d’essayer de mettre dans la bouche des sportifs des paroles que l’on aimerait dire soi-même.

C’est la raison pour laquelle je vais faire l’inverse, monsieur le député : je vais formuler ce que j’ai entendu chez ces footballeurs, qui ont fait honneur à leur pays et qui l’ont dit très tôt dans la compétition, avec une immense fierté : « Vive la République ! Vive la France ! »

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