Enquête publique Saint-Sauveur : un avis favorable en trompe-l’œil
27 mars 2019 – Communiqué de presse d’Adrien Quatennens et Ugo Bernalicis, députés du Nord, et Julien Poix, candidat aux élections européennes, Lille
L’enquête publique complémentaire sur la déclaration d’intérêt général du projet Saint-Sauveur se conclut, sans surprise, par un avis favorable du commissaire enquêteur.
Pourtant, à y regarder de plus près, le rapport dresse un tableau cru des renoncements des décideurs locaux depuis des décennies quant à notre environnement et notre santé.
Le commissaire enquêteur émet sa seule réserve sur la pratique du sport intensif dans le cadre de la piscine olympique « compte-tenu de la qualité de l’air à cet endroit ». Dans ce contexte est-il logique de créer 2500 logements et un grand équipement sportif, qui ajouteraient 6800 déplacements automobiles supplémentaires par jour ? Peu rassuré, le commissaire enquêteur demande une réflexion sur les moyens de ne pas aggraver l’état de la qualité de l’air… Mener à bien le projet Saint-Sauveur dégradera encore les conditions de vie des habitants de cette zone et au-delà.
Le rapport recommande à la Métropole européenne de Lille (MEL) de vérifier le besoin de créer des surfaces de bureau sur la ZAC. Quelle audace ! La métropole est suffisamment vaste pour accueillir des activités et des logements dans des zones bien desservies et en revitalisation. La densification de Lille intra muros, déjà parmi les villes les plus denses et pauvres en espaces dégagés, est une aberration dictée par l’avidité des promoteurs. Les élus qui soutiennent cette fuite en avant sont en décalage profond avec l’urgence de l’époque : préserver la santé des métropolitains et construire une métropole résiliente.
Le commissaire enquêteur semble douter du réalisme de la politique des transports de la MEL lorsqu’il lui demande de s’engager plus avant contre « l’engorgement de la circulation automobile (…) dans la zone du projet ». Et pourtant, il n’y a pas de doute à avoir : la MEL et la mairie de Lille n’ont aucune ambition sérieuse en matière de transports, comme le prouve un budget à la baisse.
Il est dommageable que le rapport appuie l’idée fataliste de « l’attractivité » de la ville pour justifier le bétonnage de Saint-Sauveur, comme si l’action volontariste au niveau de la métropole était impossible pour contrer la pure loi du marché. Les atteintes à l’environnement et la santé résultent d’une vision néolibérale de la Ville, privilégiant l’utilité économique au détriment de ceux qui y vivent et de leur cadre de vie. Plus que jamais, la France insoumise se mobilise contre la promesse d’enfer urbain que nous renvoie ce rapport.