QE – Prise en charge des victimes de violences conjugales
Question écrite | N° 21260 |
M. Ugo Bernalicis | La France insoumise – Nord |
Ministère interrogé | Intérieur |
Question publiée au JO le | 09/07/2019 |
Réponse publiée au JO le |
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Lien hypertexte | http://questions.assemblee-nationale.fr/q15/15-21260QE.htm |
M. Ugo Bernalicis alerte M. le ministre de l’intérieur sur la prise en charge par les services de police et de gendarmerie des potentielles victimes de féminicides conjugaux en France.
En effet, tout comme de nombreuses associations féministes, M. le député ne peut que constater les carences de l’État en la matière, notamment lors du processus de dépôt de plainte des femmes qui subissent des violences conjugales. Les délais d’attentes sont souvent interminables, et il est encore plus compliqué d’être reçu en milieu rural, où les horaires d’ouverture restreints des postes de gendarmerie sont un frein à cette démarche. Les victimes sont souvent déconsidérées, la gravité des actes subis et les risques auxquels elles sont exposées fréquemment minimisés, voir niés.
Par exemple, les femmes menacées verbalement par leur conjoint ou ex-conjoint sont la plupart du temps renvoyées chez elles, alors qu’il s’agit du premier pas vers la violence physique, à laquelle ce retour contraint les expose fortement. La page Facebook « Paye ta police » (https://www.facebook.com/payetapolice/) recense de nombreux témoignages ahurissants de femmes victimes de violences sexistes et sexuelles dont l’accueil par les services de police et de gendarmerie a été largement insuffisant, voire culpabilisant pour certaines.
Cette situation, liée à la casse progressive du service public mise en place par le Gouvernement depuis le début de la mandature du Président de la République, est intolérable. Les services de police et de gendarmerie manquent cruellement de moyens humains et financiers pour accueillir et prendre en charge dans de bonnes conditions les victimes de violences conjugales. Le manque de formation de ces personnels sur cette question spécifique est également largement pointé. Celle-ci est aujourd’hui trop ponctuelle, pas assez généralisée. Chaque personnel doit être formé dès sa formation initiale, et chaque agent déjà en poste doit recevoir une formation approfondie.
Au regard du traumatisme que représente, pour la victime, une mauvaise prise en charge dès l’accueil – s’ajoutant à celui vécu du fait des violences subies – et de la position de danger dans laquelle les met une prise en charge défaillante, cette question de la formation apparaît comme essentielle et urgente. Il souhaite donc en savoir plus sur les dispositions qu’il compte mettre en place rapidement afin que les victimes de violences conjugales soient reçues dans les meilleures conditions possibles, et que leurs témoignages soient traités avec toute la gravité qu’ils nécessitent.
Il souhaite notamment connaître le montant du budget qui sera alloué à la formation des personnels de police et de gendarmerie, pour que celle-ci soit cohérente avec les problématiques de terrain.
Enfin, il souhaite savoir si le ministère de l’intérieur cherche à développer une approche pluridisciplinaire dans ces services pour ces problématiques spécifiques en recrutant notamment des psychologues, des personnels médicaux, des personnels des services sociaux. L’accueil des victimes devrait comprendre leur protection immédiate, la prise en charge médicale, l’aide systématique d’un avocat pour déposer la plainte, l’appui d’une assistante sociale pour accompagner la victime sur le long terme, cela sur un même lieu, pour ne plus balloter les personnes d’un service à l’autre, ni multiplier le récit traumatique des faits subis. Dans un contexte de répression des mouvements sociaux, où l’on voit les policiers mis en situation de commettre des violences sur les manifestants, selon une conception du maintien de l’ordre fort contestable, il semble urgent de revenir à la mission première de la police, à savoir protéger les citoyens et citoyennes, et en l’occurrence lutter véritablement et urgemment contre la criminalité et l’insécurité que constituent les violences conjugales et les féminicides conjugaux. Il souhaiterait donc connaître ses intentions sur ces différentes questions.