Le contrôle normal des prisons est-il devenu impossible ?
Ce matin, l’administration pénitentiaire, sous les ordres de Nicole Belloubet ministre de la Justice, m’a empêché d’exercer mon droit de visite de la prison de Béthune accompagné par la presse, alors même que les termes de l’article 719 du Code de procédure pénale sont sans ambiguïté et n’ont pas été modifiés par l’état d’urgence sanitaire.
Je dénonce une application arbitraire de l’exercice du droit de visite par le ministère de la Justice, alors que plusieurs de mes collègues ont pu l’exercer, semble-t-il sans les mêmes difficultés.
À quelques jours du déconfinement, il est impératif de pouvoir contrôler l’effectivité du respect des droits fondamentaux des personnes détenues et l’effectivité des mesures sanitaires prises par le ministère de la justice et telles qu’il s’y est engagé devant le Conseil d’État le 8 avril dernier.
Je constate donc l’impossibilité d’exercer le contrôle légal des établissements pénitentiaires et la responsabilité engagée du ministère de la Justice. En ces temps de crise, alors que le contrôle général des lieux de privation de liberté n’a pas repris, le droit de visite des parlementaires est plus que jamais nécessaire. Je saisis à nouveau le tribunal administratif pour faire respecter le droit, notamment celui de la presse.
N’est-ce pas Emmanuel Macron qui rappelait le 3 mai 2020 : “La liberté de la presse est garante de la vie démocratique. L’accès à une information libre et transparente, permettant le débat, est clé en cette période. Je salue les journalistes qui, de par le monde, assurent ce travail essentiel dans des conditions parfois difficiles.” Visiblement, Nicole Belloubet n’est pas de cet avis, ni de celui du secrétaire général des Nations Unies, António Guterres qui, en cette journée mondiale de la liberté de la presse, appelait tous les dirigeants à “protéger et renforcer la liberté de la presse, indispensable pour un avenir de paix, de justice et de respect des droits humains.”