Malaise au sein de la Police, manifestations sauvages et démagogie du pouvoir
Déclaration publiée sur le site du Parti de Gauche par moi-même au nom de la commission Sûreté,
Depuis quelques jours, des centaines de policiers manifestent de manière illégale. On pourrait s’appesantir sur l’illégalité des manifestations ou leur potentielle instrumentalisation par des obédiences politiques malveillantes mais ça n’expliquerait pas tout. Il faut que le ras-le-bol au sein de la police ait atteint un point critique pour que des policiers se risquent à des manifestations en service qui pourraient leur coûter cher disciplinairement. Sans parler de l’ample mouvement de sympathie en interne de la police nationale dont bénéficie le mouvement.
Manifestations illégales mais pas sans fondement
Le drame de Viry-Châtillon, pour lequel un Adjoint de Sécurité (ADS) est toujours entre la vie et la mort, est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Les annonces de Manuel VALLS (mettant à cette occasion sur la touche son ministre de l’Intérieur) auxquelles il a donné lieu sont à la fois grotesques et provocantes : véhicules blindés et généralisation des tenues ignifugées. Des mesurettes faisant mine de traiter les effets sans interroger les causes du chaos et incitant indirectement les délinquants à mettre à l’épreuve ces nouveaux dispositifs par des agressions toujours plus violentes, entretenant un cercle mortifère.
Les policiers ont compris que le gouvernement se moquait à nouveau d’eux et les plus mobilisés ont décidé de se manifester.
Un mandat raté et des promesses toujours non tenues.
Beaucoup ont oublié que le candidat Hollande promettait la réinstauration d’une police de proximité : en vain. La création des Zones de Sécurité Prioritaire (ZSP), énième brassage de vent consistant à redéployer les maigres effectifs (par la fermeture de bureaux de police de quartier) n’a fait illusion qu’à Beauveau.
La Police Nationale n’a pas de feuille de route depuis 5 ans. Elle vit au gré des événements, des ordres et des contre-ordres, tantôt en alerte pendant les attentats, tantôt en première ligne pour réprimer les mouvements sociaux (contre la loi travail, les zadistes de Notre Dames des Landes) ou pour contenir les migrants à Calais. Cette absence de vision stratégique globale combinée à un « management par objectifs » et son absurde politique du chiffre (à grand renfort de primes aux montants indécents dont bénéficie la haute hiérarchie) fait le lit des comportements individuels inacceptables que nous avons vu dans les manifestations ou les quartiers populaires. De plus, cela a renforcé la capacité d’instrumentalisation des questions de sécurité par l’extrême droite.
Nous on peut !
Le Parti de Gauche prône la remise en place d’une véritable police de proximité avec une doctrine qui permette de faire cesser les affrontements stériles et mortifères entre jeunes des quartiers populaires et policiers. Cette police doit s’insérer dans une politique plus large de meilleure répartition des richesses et de définanciarisation de l’économie qui serait à même de faire reculer la dissociété créée par l’absence de politiques publiques en la matière depuis des décennies.
Le démantèlement des réseaux mafieux doit aussi passer par la décision courageuse de dépénaliser la consommation de cannabis et d’encadrer par l’État sa production et sa distribution, comme cela se fait pour l’alcool et le tabac.
Les nombreuses missions avilissantes dévolues aux policiers seront supprimées, afin que le fonctionnaire ne se retrouve plus dans des situations inextricables entre des injonctions hiérarchiques souvent paradoxales mais conformes aux desiderata bureaucratiques préfectoraux, et ses aspirations profondes à servir et protéger ses concitoyens. Rendre une certaine dignité aux missions de police en sécurité publique mettra fin à une grande partie des tensions parcourant l’institution et ses relations avec les citoyens.
Enfin, le Parti de Gauche est convaincu qu’un renforcement significatif des effectifs de police dédiés à la sécurité publique et un investissement massif sont nécessaires pour améliorer les conditions de travail des policiers et l’accueil du public. Une fois de plus, l’austérité est l’ennemi de la Police et de sa mission d’intérêt général.