Peut-on faire autrement ? Oui, ça coule de source … (1/2)

Cette question, largement présente dans les esprits de nos concitoyens, est de plus en plus prégnante. Le peuple de gauche, qui s’est résigné à voter François Hollande en 2012 pour virer Nicolas Sarkozy, se résignera-t-il face au « socialisme de l’offre » ? Autrement dit, est-ce que la résignation stratégique pour s’assurer la victoire face à la droite se transformera en résignation politique sur le fond ? C’est l’enjeu de la période. La question n’est pas de savoir si les socialistes vont à la catastrophe, ni de savoir si on le souhaite au Front de Gauche (personne ne le souhaite très sincèrement), mais bien de savoir quand arrivera la catastrophe et ce qui en ressortira. Une fois le Parti Socialiste balayé en terme électoral – comme en Grèce, en Espagne, en Allemagne, au Portugal, etc. – qui en tirera les fruits ? Le Front National est une des éventualités des scénarios post-catastrophe. C’est pourquoi, au Front de Gauche, nous avons une responsabilité politique particulière d’apparaître et d’être l’outil pour sortir de la crise et mettre au cœur de l’action politique « l’humain d’abord ».

Un cas d’école : régie publique de l’eau vs. délégation de service public

Au niveau national, des camarades comme Jacques Généreux s’emploient à faire passer le message, notamment avec son livre « Nous on peut !» . Au niveau local, il est de notre responsabilité, de montrer que sur chaque sujet on peut faire des choix de gauche, de faire autrement le plus souvent. Le mode de gestion de la production et de la distribution de l’eau potable fait parti de ses sujets dont nous nous saisissons.

En 2015, la DSP (Délégation de Service Public) dont la SEN (Société des Eaux du Nord – Suez) a la charge prendra fin. Beaucoup d’élus métropolitains voudraient réduire le débat au choix des différentes offres qui émergeraient dans une nouvelle procédure d’appel d’offre. Ils croient que par le biais du jeu de la concurrence cela devrait permettre de renégocier le contrat en faveur des usagers. Toujours cette vieille croyance quasi mystique dans la concurrence libre et non faussée.

Sauf que, même sur le plan de la concurrence, la régie publique de l’eau reste plus compétitive.
Pour plusieurs raisons incontestables (source : www.eausecours62.org) :
– parce qu’il n’y a pas de dividende à distribuer aux actionnaires
– parce qu’il n’y a pas de frais attachés à l’existence de siège ou maison-mère internationale
– parce qu’il n’y a pas de concurrence entre filiales ou multinationales
– parce que les salaires des hauts responsables ne sont pas définis par la concurrence
– parce que le privé doit payer l’impôt sur les sociétés
– parce qu’il peut y avoir spéculation avec l’argent public qui leur est confié (anticipation sur la facturation par exemple)
– parce que les travaux d’entretien sur le réseau se font souvent par des filiales du délégataire sans réelle transparence

Les DSP sont souvent sans scrupules puisqu’elles ont pour logique d’être profitable. Parfois cela se fait sans respect des engagements contractuels. C’est le cas de la SEN qui doit 115 millions d’euros à LMCU pour cause de travaux d’entretien budgétisés mais non-effectués. Pour plus d’informations sur le sujet : http://collectif59eau.blogspot.fr/

C’est donc un choix politique que d’être en régie publique ou en DSP. Est-on dans une situation où le surplus d’argent public ou des usagers est suffisant pour se payer le luxe de financer le capital ?

Le retour en régie publique, que ce soit pour l’eau ou les transports, c’est un moyen concret de montrer que l’on peut faire autrement, qu’il suffit de le décider.
C’est pourquoi nous menons cette bataille en même temps que nous nous opposons aux politiques d’austérité. C’est pourquoi, sans états d’âmes, je soutiens le maire socialiste de Ronchin, Alain RABARY, lorsqu’il se prononce pour le retour en régie publique de l’eau.

De la régie publique de l’eau à l’écosocialisme

Au fond, retourner en régie publique sur des activités telles que la distribution de l’eau potable pose la question de ce qu’il est légitime et souhaitable de maintenir dans le giron du public. La gestion en régie garantie un minimum de contrôle du citoyen, directement ou par le biais de leurs élus, sur les choix de gestion et les tarifs par exemple. La question de la propriété est donc clairement posée. L’enjeu écologique est également mieux pris en compte par les citoyens qui réfléchissent en terme d’intérêt général à la différence de l’entreprise privée qui défend ses intérêts privés.

L’écosocialisme fait la synthèse de ces deux ambitions. Pour aller plus loin, je vous invite à prendre connaissance du document suivant : http://www.lepartidegauche.fr/system/documents/BROCH_A5_ECOSOCIALISME_PG.pdf