Police partout, police nulle part ! Une police de sécurité du quotidien noyée dans la communication
14 février 2018 – Communiqué commun d’Ugo Bernalicis et Adrien Quatennens, Lille
Annoncée en grande pompe ce jeudi 8 février, le Ministre d’État, ministre de l’Intérieur Gérard Collomb a lancé la “Police de sécurité du quotidien”, dite PSQ. Que dire… Si ce n’est que depuis sa présentation du 16 août 2017, peu de choses semblent avoir été faites !
Le 28 octobre 2017, à La Rochelle, le ministre s’est engagé à plusieurs reprises suite à des interpellations du député Bernalicis à associer les parlementaires à la réflexion. Que nenni, aucune concertation depuis. Et pourtant les quartiers lillois concernés par l’expérimentation se situent sur les deux circonscriptions des députés insoumis. Sectarisme ou amateurisme ? Tout porte à croire que cette mini-révolution n’en est pas une, mais plutôt un coup de com’ de plus de la start-up Macron!
Pas de renouvellement de la doctrine. Tout comme le Front national en 1992 et Manuel Valls en novembre 2015, Gérard Collomb proclame que la sécurité est la première des libertés, validant ainsi une vieille formule, et un glissement sémantique sécuritaire au détriment de la sûreté (article 2 de la déclaration des droits de l’Homme et du citoyen de 1789). En lieu et place d’un véritable changement de doctrine, cette PSQ fait perdurer la police de réaction, au détriment d’une véritable police de prévention et de proximité, continuant ainsi les effets d’annonces et de gestion de courte vue.
Cette PSQ renforce l’éloignement de la population avec les forces publiques de sécurité en multipliant le recours aux caméras de vidéo-protection, en renforçant la place de la police privée au détriment de la Police nationale et de la Gendarmerie. La communication bien huilée du gouvernement ne pallie pas l’absence de volonté d’un véritable rapprochement police-population ! On ne décrète pas le respect des forces de police, surtout après avoir refusé la proposition de loi de la France insoumise relative à l’expérimentation de la mise en place d’un récépissé dans le cadre d’un contrôle d’identité, qui était un des éléments de construction de cet idéal.
De même, alors que la France insoumise se réjouit de l’annonce de l’abandon de l’absurde politique du chiffre, nous ne sommes pas dupes de l’effet de communication car dans le même temps le ministre de l’Intérieur maintient les primes de résultats des fonctionnaires déterminées en fonction de chiffres … Encore une fois c’est la communication qui mène la danse et si les mots ont un sens, il ne faut pas être dupe de la supercherie !
Gérard Collomb désigne trente quartiers de reconquête républicaine. L’usage d’un vocabulaire guerrier est choquant et dégradant pour les habitants et habitantes des zones visées au contraire d’un rapprochement police-population.
Mêmes causes, mêmes effets, la proposition du gouvernement de renforcer les effectifs de police dans ces quartiers, dont une partie importante avaient déjà été nommée zones de sécurité prioritaires en 2012, est vouée à l’échec. “Mettre le paquet” sur la lutte contre les trafics de cannabis tout en restant dans l’hypocrisie de la politique répressive qui a prouvé son inefficacité est une vue de l’esprit et une preuve d’inconséquence.
De plus, pour traiter en profondeur les maux de ces territoires, il faut nécessairement renforcer les anticorps républicains, par une intervention accrue et légitime de l’ensemble des services publics, à destination des habitants de ces territoires.
Il est urgent de revenir à la raison pour assurer la sûreté de nos concitoyens.